Le jour ou la Grande-Bretagne a quitté l'UE

Par Le 24/06/2016

Je ne pensais vraiment pas que ça allait arriver mais nous y sommes. En tant que Française qui vit et travaille en Angleterre depuis 10 ans, j’étais contre un Brexit. Nous en avons beaucoup discuté avec Alex et je voulais partager le fruit de mes réflexions.

Je ne vais pas mentir, je suis déçue. Quelque part, une partie de moi réagit comme si c’était personnel, alors que bien évidemment ça ne l’est pas. Dès mon arrivée en Grande Bretagne en 2000, je suis tombée sous le charme de ce pays. Arrivant de Lyon, j’ai vécu à Colchester dans l’Essex pendant un an, ce qui était un choc culturel relatif, mais une expérience extraordinaire, qui m’a décidé quelques années plus tard à m’installer à Londres.

J’étais partie pour ‘2 ou 3 ans’ à la base, et puis la vie prend le dessus, je me suis toujours sentie accueillie et chez moi à Londres, donc je suis restée. J’aime le coté cosmopolite de Londres. On ne trouve nulle part ailleurs cette diversité, cette ouverture d’esprit et même cette liberté. Il y a quelque chose de grandiose dans cette ville, lorsque l’on voit ces vieux bâtiments de la city, côtoyer le Shard ou le Gherkin. Mais voilà ou se trouvait mon erreur, Londres n’est pas la Grande Bretagne, tout comme Paris n’est pas la France. Londres ne peut pas représenter le point de vue du pays, puisque c’est une ville qui regroupe des nationalités diverses et qui vit d’une richesse relative.

Je ne vais pas m’appesantir sur ce qu’il va se passer « après », vu que, honnêtement, personne ne le sait. Nous pouvons tous spéculer, le futur est maintenant différent, et tout le monde en Europe et en Grande Bretagne devra s’adapter au nouvelles règles et voir ce qui en ressort. Nous avons tous une opinion, cela ne veut pas forcement dire que c’est la bonne.

Lorsque l’Europe a été fondée en 1957, c’était en partie pour assurer la paix entre les nations qui décidaient d’y adhérer. Plus tard sont venus le parlement, les lois, les régulations et la sécurité etc…. Nous pouvons tous être d’accord ou non sur ce qui est décidé à Bruxelles, mais tout cela est tellement plus grand que nous. J’irai même jusqu’à dire que la plupart d’entre nous n’ont pas la moindre idée de la façon dont l’Europe fonctionne, ni quelle est la relation que Bruxelles entretient avec chaque pays. Manifestement, il serait temps de restructurer…

La campagne Pro brexit a été bien orchestrée. Similaire à ce que fait le front national en France, et l’extrême droite dans d’autres pays Européens, elle a utilisé deux ingrédients essentiels : la peur et le nationalisme( peur de l’immigration, du terrorisme, vue nationaliste concernant les emplois etc…) . Clairement ça a bien fonctionné. Tout cela contribue à révéler la claire distinction entre Londres et le reste du pays. Le prochain premier ministre devrait commencer son mandat par là et essayer de réduire les différences qui existent dans un pays complètement centralisé.

Ce qui m’ennuie profondément dans tout ça et qui me pousse à écrire aujourd’hui c’est ceci : Plus que jamais, le monde se doit d’être un endroit ou les communautés font front ensemble, ou les gens s’entraident et de décident à penser au bien de tous.  La Grande-Bretagne, tout comme la France, fait partie de ces pays qui ont largement consommés et bénéficiés de la richesse d’autres pays, et ce pendant des décennies.

L’union Européenne pour moi c’est cela : Une grande communauté, ou les gens ont tendance à être en désaccord sur beaucoup de choses, mais qui essaie de trouver un terrain d’entente et de travailler ensemble pour le bien du plus grand nombre.

Le voyage que nous faisons en ce moment, ne fait que renforcer cette idée que beaucoup de pays ont besoin de notre aide. Et le plus marquant, c’est que bien souvent, ce sont dans les endroits ou les gens n’ont que très peu, que nous avons été reçus avec la plus grande gentillesse, générosité et respect. Parce que les gens qui n’ont rien, font preuve d’une telle bonté, j’aimerai que mes pays montrent le même enthousiasme pour faire partie d’un projet auquel je crois. Il me semble que beaucoup d’entre nous ont perdus la confiance nécessaire au bon fonctionnement de l’Europe , j’espère que cette histoire sera un coup de trompette dans l’oreille de Bruxelles pour entreprendre une réflexion sur l’organisation et la législation de l’UE.

Quant à moi, je reste à ce jour une Européenne, moitié Française – moitié Londonienne et très fière de l’être.